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ET L’ANARCHIE

bon plaisir » indiquait d’où ils tiraient leurs droits. Ils ne se réclamaient que du droit de leur épée, — ils y comptaient bien plus que sur la volonté divine ; — c’était, par conséquent, de la force qu’ils se réclamaient. On se conformait à leurs ordres, on subissait leurs prétentions, mais parce que l’on n’était pas en état d’y résister ; il ne se trouvait pas, du moins, des imbéciles qui venaient vous dire, après les intéressés, qu’il fallait obéir parce que c’est la loi, qu’il est du devoir de chacun de s’y conformer jusqu’à ce qu’on l’ait changée.


Si on reconnaît que la loi peut changer, c’est présumer que cette loi pourra devenir régressive ; et reconnaître cela, c’est avouer que, dès son principe, elle peut léser quelqu’un, car il y a toujours des individus qui sont en avance sur leur époque. La loi alors n’est pas juste, elle n’a pas ce caractère respectable que l’on a voulu lui attacher. Si cette loi me blesse dans mes intérêts ou ma liberté, pourquoi serais-je contraint d’y obéir, et quel est l’arrêté immuable qui puisse justifier cet abus ?


En matière de science, lorsque les savants, après bien des recherches et des travaux, arrivent à formuler ce que l’on appelle une loi naturelle, ce n’est pas parce qu’une majorité ou un cénacle d’individus, se croyant supérieurs au resté des mortels, auront décidé qu’en vertu de leur volonté, il était