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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

ordonné aux forces naturelles de se conformer à telle ou telle évolution. On rirait au nez des imbéciles qui auraient cette prétention.

Quand une loi naturelle est proclamée, c’est qu’il a été reconnu que, si tel phénomène s’est produit, telle combinaison chimique s’est opérée, c’est qu’en vertu de telle ou telle force, de par l’existence de telles affinités, étant donné le milieu dans lequel le phénomène s’est accompli, il était impossible qu’il en fût autrement. Telles forces mises en mouvement en telles conditions produisent tel résultat ; c’est mathématique. Alors, la loi découverte n’arrive plus ici pour régir le phénomène, mais pour en expliquer les causes. Ces lois, on peut les discuter, les mettre en doute et même les nier ; les divers corps qui composent notre monde n’en continuent pas moins de se combiner selon leurs propriétés ou affinités, la terre de tourner, sans qu’il y ait besoin d’aucune force pour protéger leur évolution et punir ceux qui voudraient les violer.

Dans nos sociétés, il en est tout autrement. Les lois ne semblent faites que pour être violées. C’est que ceux qui les ont faites n’ont consulté que leurs préférences personnelles, l’intérêt de la caste qu’ils représentaient, le degré moyen de l’évolution morale de leur époque, sans qu’il soit tenu compte du caractère, des tendances et des affinités de ceux qu’il s’agit d’y soumettre ; ce qui serait impossible, du reste, étant donnée la diversité des caractères