Page:Grave - La Société mourante et l’anarchie.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
97
ET L’ANARCHIE

que fait tous les jours votre prétendue justice ? Sans l’inconscience d’état que donnent la bêtise et l’habitude, vous finiriez par succomber sous le poids du remords et la hantise des fantômes évoqués par vos arrêts.


Notre époque de critique et de science positive n’admet plus guère le principe de justice distributive et ne reconnaît plus la légitimité d’une autorité supérieure récompensant les bons et châtiant les méchants. Vis-à-vis de cette ancienne doctrine que les conceptions du temps rendirent logique durant une phase de l’Humanité, nous propageons l’idée opposée.

Chacun de nous ne voit plus que des actes qu’il considère comme bons ou comme mauvais, suivant qu’ils lui sont agréables ou désagréables, et en conséquence desquels il agit à son tour. Il approuve ou s’enthousiasme, se défend ou attaque d’après l’avantage ou le tort fait à son intérêt, à ses passions et à sa conception de l’idéal. Le besoin commun de solidarité qui entraîne les individus soumis aux mêmes attaques, à s’unir pour la défense est, pour nous, le futur garant d’un ordre social moins troublé que le nôtre. Nous ne jugeons pas, mais agissons et luttons, et nous croyons que l’harmonie universelle résultera du libre agissement de tous les hommes, une fois que la suppression de la pro-

6