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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

priété individuelle ne permettra pas qu’une poignée d’individus puisse asservir leurs semblables.


Donc, nous ne pouvons admettre que, six semaines ou six ans après un acte commis, un groupe appuyé sur la force armée se rassemble pour juger au nom d’une entité quelconque et récompense ou châtie l’auteur de l’acte. C’est de l’hypocrisie et de la lâcheté. Vous reprochez à cet homme d’avoir tué et pour lui apprendre qu’il a eu tort, vous le faites tuer par le bourreau, cet assassin à gages de la société. Lui et vous, n’aurez même pas l’excuse d’avoir risqué votre peau, puisque vous n’agissez qu’à l’abri d’une force armée qui vous protège.

Nous sommes en guerre avec la caste dominatrice, reconnaissez, gens de la magistrature, que vous en êtes les souteneurs et laissez-nous tranquilles avec vos grands mots et vos grandes phrases ; maintenez les privilèges dont la garde vous est confiée, usez de la force que l’ignorance vous concède, mais laissez la justice en paix : elle n’a rien à voir dans ce que vous faites.


Pour que vous puissiez bien juger de l’ignominie de votre rôle de rabatteurs, nous voudrions, ô juges, qu’il vous arrivât, étant innocents, de tomber entre les griffes de vos semblables pour être jugés à votre tour. Vous pourriez, en cette situation, connaître par quelles angoisses, quelles terreurs ont dû passer