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ET L’ANARCHIE

un moment de fureur, faire de cet homme vigoureux un étrangleur, mais, tout aussi bien, le gendarme qui arrêtera le criminel ; des instincts violents, le mépris du danger, l’insouciance de la mort, à la recevoir ou à la donner, sont indifféremment ou les vices du criminel, ou la vertu que l’on réclame du soldat ; un esprit fourbe, enclin à la tromperie, insinuant, cauteleux, peuvent faire le pégriot qui ne pense qu’à échafauder vols et escroqueries, mais ce sont aussi les qualités requises pour faire un admirable policier ou un excellent juge d’instruction.


Entraîné par la vérité de son argumentation, le professeur n’hésitait pas, du reste, à reconnaître qu’il était souvent bien difficile de discerner le prétendu criminel du prétendu honnête homme ; et que maint individu qui est hors de prison devrait être dedans et réciproquement.

Et, après avoir, avec les autres savants, reconnu que l’homme n’est que le jouet de toutes les circonstances suivant la résultante desquelles il agit à chaque moment ; après avoir nié le libre arbitre, après avoir reconnu que la justice n’est qu’une entité et n’est, en fait, que la vengeance exercée par la société qui se substitue à l’individu lésé, le professeur, malheureusement, s’arrête en route, après avoir énoncé des aperçus qui le rapprochent de ce que prétendent les anarchistes, il en arrive à conclure que la pénalité n’est pas assez forte, et qu’il