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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

faut l’élever ! Il se retranche, il est vrai, derrière la conservation sociale ; les actes réputés criminels, dit-il, ébranlent la société, celle-ci a le droit de se défendre en se substituant à la vengeance individuelle, en frappant ceux qui la gênent d’une peine assez forte pour leur ôter l’envie de continuer.


D’où vient cette contradiction flagrante entre des aperçus si larges et des conclusions si étroites, puisqu’elles demandent le maintien de ce qui est démontré absurde par les prémisses ? Cette contradiction, hélas ! n’est pas imputable à leurs auteurs, elle tient essentiellement à l’imperfection humaine.

L’homme n’est pas universel, le savant qui s’est livré passionnément à une étude arrive à des prodiges de sagacité dans le sillon de la science qu’il a creusé. De déductions en déductions il arrive à résoudre les problèmes les plus ardus faisant partie du domaine qu’il a pris à tâche de cultiver ; mais comme il n’a pu mener de front l’étude de toutes les sciences, de tous les phénomènes sociaux, il arrive qu’il reste en arrière des progrès des autres sciences ; aussi, lorsqu’il veut appliquer les découvertes admirables qu’il a faites aux autres conceptions humaines, il s’ensuit qu’il les applique le plus souvent à faux et qu’il tire une conclusion erronée d’une vérité qu’il a démontrée.

En effet, si les anthropologistes qui ont étudié l’homme, l’ont analysé et sont arrivés à reconnaître