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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

Mais enfin, on a fini par reconnaître que, semblable aux autres animaux, il subissait les mêmes influences, il évoluait sous la pression des mêmes causes originelles.

Quand il a fallu expliquer son évolution morale d’après les mêmes lois, cela a été encore bien plus difficile, et même ceux qui nient le libre arbitre, qui reconnaissent que l’homme n’agit que sous la pression de faits extérieurs, même ceux-là ne peuvent accepter la loi avec toutes ses conséquences ; c’est-à-dire faire remonter les causes de la criminalité de l’homme à l’organisation sociale tout entière et demander sa transformation.

Les plus hardis, et ils sont rares, admettront bien, en principe, que l’organisation sociale est mauvaise, qu’elle a besoin de réformes, que certaines de ses institutions engendrent des délits, mais, pour eux, la grande coupable c’est la nature mauvaise de l’homme qui a besoin d’un frein à ses passions, et que la société, toute défectueuse qu’elle soit, peut seule arriver à comprimer.


Du reste, pour arriver à atténuer la responsabilité de la société entière, ils découpent le milieu social en plusieurs tartines qu’ils baptisent aussi du nom de milieux et auxquels ils font endosser les mauvais effets de l’influence produite.

Quant à la société, disent-ils, elle laisse peut-être à désirer, mais telle qu’elle est, elle protège les