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ET L’ANARCHIE

faibles contre les méchants, elle garantit aux individus le libre exercice de leur travail, elle leur fournit une protection plus sûre, plus efficace et à meilleur marché que s’ils étaient forcés de se défendre eux-mêmes.

En un mot, concluent-ils, c’est un contrat d’assurance mutuelle qui s’est établi entre les individus, s’il se commet des délits cela tient beaucoup plus à la nature mauvaise de l’homme qu’à l’organisation sociale elle-même.


Certes, nous sommes loin de prétendre que l’homme soit un modèle de perfection ; entre nous, c’est un assez triste animal qui, lorsqu’il n’écrase pas son semblable sous le talon de sa botte, lèche celles de ceux qui l’écrasent lui-même ; mais, somme toute, l’homme n’agit pas exclusivement sous l’influence d’instincts mauvais, et ces beaux sentiments d’amour, de charité, de fraternité, de dévouement, de solidarité, chantés, exaltés par les poètes, les religions et les moralistes, nous prouvent que s’il agit, parfois, sous l’impulsion de sentiments mauvais, il a un fonds d’idéal, un besoin de perfection, et c’est ce besoin de perfection que la société comprime, empêche de se développer.

L’homme ne s’est pas fait tout seul, ni moralement, ni physiquement. Comme les autres animaux, dont il n’est qu’un échantillon supérieur, il est le produit d’un concours de circonstances, de combi-