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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

pas là ses pernicieux effets. Basée sur l’antagonisme des intérêts, elle oppose, dans chaque classe, individu à individu ; elle sème la guerre entre eux par son institution de la Propriété individuelle qui force les individus à thésauriser pour s’assurer du lendemain que la Société ne peut leur garantir.

La concurrence individuelle est le grand ressort de la Société actuelle : quels que soient le commerce, la profession, le genre de travail auxquels les individus s’adonnent, ils ont à craindre la concurrence de ceux qui choisissent la même branche d’activité. Pour augmenter leurs bénéfices, leurs chances de réussite, simplement, parfois, pour ne pas sombrer eux-mêmes, ils sont forcés de spéculer sur la ruine de leurs concurrents.

Lors même qu’ils se liguent entre eux, ce n’est toujours qu’au détriment d’une partie de ceux de leur classe, toujours au détriment de ceux qui sont tributaires de leur genre de production.

Établie sur cette lutte des individus, la Société a fait de chaque être l’ennemi de tous ; elle provoque la guerre, le crime, le vol et tous les délits que l’on attribue à la mauvaise nature de l’homme, quand ils ne sont que la conséquence de l’ordre social ; que la Société contribue à perpétuer, quand ils devraient disparaître sous l’influence des nouvelles notions morales acquises par l’homme.