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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

tout son poids les bons instincts de l’homme, ravivant chez lui son sauvage égoïsme primitif, le forçant à considérer les autres individus comme autant d’ennemis qu’il doit terrasser pour ne pas être terrassé lui-même ; l’habituant à regarder d’un œil sec ceux qui disparaissent broyés par les monstrueux engrenages du mécanisme social, sans pouvoir leur porter secours, sous peine d’être pris lui-même dans cette gueule insatiable qui dévore principalement les bons, les naïfs, qui se laissent aller à leurs sentiments humanitaires, ne laissant survivre que les malins qui savent y pousser les autres afin de retarder leur chute.


On crie contre les fainéants, contre les voleurs et les assassins, on invoque le côté foncièrement mauvais de la nature humaine, et on ne s’aperçoit pas que ces vices ne demandent qu’à disparaître, s’ils n’étaient entretenus et développés par l’organisation sociale.

Comment veut-on que l’homme soit travailleur quand, dans l’organisation qui nous régit, le travail est considéré comme dégradant, réservé aux parias de la société et que, par la cupidité de ceux qui l’exploitent, on en a fait un supplice et un esclavage ?

Comment veut-on qu’il n’y ait pas de paresseux quand l’idéal, le but à atteindre pour tout individu qui veut s’élever, est d’arriver à amasser, par n’importe quel moyen, assez d’argent pour vivre à ne