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ET L’ANARCHIE

rien faire ou en faisant travailler les autres ? Plus le nombre d’esclaves que l’individu arrive à exploiter est grand, plus sa situation est haute, plus les respects qu’on lui accorde sont grands. Plus grande aussi est la somme de jouissances qu’il en tire.

On a hiérarchisé la société et fait que le haut de l’échelle sociale, considéré comme une récompense au mérite, à l’intelligence, au travail, ne soit réservé justement qu’à ceux qui n’ont jamais rien fait par eux-mêmes.

Ceux qui pour une raison ou une autre se sont juchés à son sommet, mangent, boivent, paillardent sans avoir à faire œuvre de leurs dix doigts, ils donnent le spectacle de leur fainéantise, de leurs jouissances, aux exploités qui, au bas de l’échelle, suent, peinent et produisent pour eux, ne recevant, en échange, que de quoi ne pas crever de faim, sans pouvoir espérer sortir de leur situation que par un coup de hasard ; et on s’étonne que les individus aient des tendances à vouloir vivre sans rien faire ! Nous, nous ne sommes étonnés que d’une chose, c’est qu’il y ait encore des individus assez bêtes pour travailler.


Devant l’exemple que leur fournit la société, l’idéal des individus ne peut être autre que d’arriver à faire travailler les autres, les exploiter, pour ne pas être exploités eux-mêmes. Et lorsque les moyens vous manquent pour les exploiter légale-