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ET L’ANARCHIE

l’exploitation et des petits profits, mais l’aveu est complet ; il répond victorieusement à ceux qui objecteraient : qu’il y a l’opinion publique avec laquelle les gouvernants sont forcés de compter, qu’une guerre peut être juste et obtenir l’assentiment public ; que l’on a tort de déclamer contre la guerre en général, qu’il peut y avoir des cas où les gouvernants s’y trouvent entraînés malgré eux ; que, du reste, la guerre est une conséquence de l’état social actuel ; que l’on peut déclamer contre elle, déplorer sa nécessité, mais que l’on est forcé de la subir. Citons toujours :

« … Cependant, quelles que soient la puissance des hommes qui décident de la paix ou de la guerre, et l’influence de la classe où se recrute l’état-major de la politique, administratif et militaire, ils sont obligés, comme nous venons de le remarquer, de compter, dans une certaine mesure, avec la masse bien autrement nombreuse, dont les intérêts sont engagés dans les différentes branches de la production, pour lesquelles la guerre est une « nuisance » ; l’expérience démontre, toutefois, que la force de résistance de cet élément pacifique, n’est aucunement proportionnée à sa masse. L’immense majorité des hommes qui la composent est absolument ignorante, et rien n’est plus facile que d’exciter ses passions et de l’égarer sur ses intérêts. La minorité éclairée est peu nombreuse, et d’ailleurs, quels moyens aurait-elle de faire prévaloir son opinion