Page:Grave - La Société mourante et l’anarchie.djvu/169

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
153
ET L’ANARCHIE


Qu’avez-vous fait, en 71, dans la guerre franco-allemande qui s’est terminée pour nous, comme chacun sait, par une contribution de cinq milliards ? Qui avait intérêt à payer cette contribution, si ce n’est la bourgeoisie seule, afin de rester seule maîtresse dans l’exploitation du pays. Or, pour payer cette contribution, sur qui a-t-on tiré à vue ? sur les travailleurs. On a fait un emprunt dont le remboursement était garanti par les impôts que l’on devait établir, et que les travailleurs sont les seuls à payer, puisque seuls ils travaillent, et que le travail seul est productif de richesse.

Admirons ici le tour de passe-passe ; la bourgeoisie ayant à payer la rançon de guerre, pour écarter du pouvoir les Prussiens et empocher elle-même les impôts, a dû emprunter l’argent nécessaire à payer la rançon ; mais comme cet argent n’était pas disponible dans la poche des travailleurs faméliques, les bourgeois seuls ont pu souscrire à l’emprunt, se prêtant ainsi à eux-mêmes l’argent dont ils avaient besoin. Seulement les travailleurs seuls devront peiner pendant quatre-vingt-dix-neuf ans pour rembourser cet emprunt — capital et intérêts — qui n’est jamais entré dans leurs poches. Voilà le patriotisme bourgeois dans toute sa splendeur ! — Que l’on vienne nier après cela que la vertu n’est jamais récompensée !

9.