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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

fensives qui, la plupart du temps, ont accueilli les envahisseurs à bras ouverts, et, pour prix de leurs avances, en ont été torturés, décimés ? Prenez l’histoire des conquêtes de l’Amérique par l’Espagne, des Indes par l’Angleterre, de l’Afrique, de la Cochinchine et du Tonkin par la France, et venez après, nous vanter la civilisation ! Bien entendu, dans ces historiques, vous n’y trouverez que les « grands faits » qui, par leur importance, ont laissé une trace dans l’histoire, mais s’il fallait vous faire le tableau de tous les « petits faits » dont ils se composent, et qui passent inaperçus, s’il fallait mettre à jour toutes les turpitudes qui disparaissent dans la masse imposante des faits principaux, que serait-ce alors ? On reculerait écœuré devant ces monstruosités.


Nous avons, pour notre part, — ayant passé quelque temps dans l’infanterie de marine, — entendu raconter une foule de scènes qui prouvent que le soldat qui arrive dans un pays conquis s’y considère, par le fait, comme un maître absolu ; pour lui, les populations sont des bêtes de somme qu’il peut faire mouvoir à son gré ; il a droit de prise sur tout objet à sa convenance, malheur à l’indigène qui voudra s’y opposer, il ne tardera pas à apprendre que la loi du sabre est la seule loi ; l’institution qui défend la Propriété en Europe, ne la reconnaît pas sous une autre latitude. Le soldat,