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ET L’ANARCHIE

en Suisse, à la Fédération Jurassienne où Bakounine propageait l’idée de Proudhon : l’Anarchie, ennemie de l’autorité, mais en la développant, en l’élargissant, en lui faisant faire corps avec les revendications sociales.


C’est de cette époque que date la véritable éclosion du mouvement anarchiste actuel. Certes, bien des préjugés existaient encore, bien des illogismes se faisaient jour dans les idées émises. L’organisation propagandiste contenait encore bien des germes d’autoritarisme, bien des éléments survivaient de la conception autoritaire, mais qu’importe ! le mouvement était lancé, l’idée grandit, s’épura et devint de plus en plus précise. Et lorsque, il y a à peine treize ans, l’anarchie s’affirmait en France, au congrès du Centre, quoique bien faible encore, quoique cette affirmation ne fût que le fait d’une infime minorité et qu’elle eût contre elle non seulement les satisfaits de l’ordre social actuel, mais encore ces pseudo-révolutionnaires qui ne voient, dans les réclamations populaires, qu’un moyen de grimper au pouvoir, l’idée avait en elle-même assez de force d’expansion pour arriver à s’implanter, sans aucun moyen de propagande, autre que la bonne volonté de ses adhérents, assez de vigueur pour amener les soutiens du régime capitaliste à l’injurier, la persécuter, les gens de bonne foi à la discuter, ce qui est une preuve de force et de vitalité.