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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

Roux et les enragés nous paraissent être ceux qui ont vu le plus clair dans la Révolution et ont le mieux cherché à la faire tourner au profit du peuple. Aussi, les historiens bourgeois les ont-ils laissés dans l’ombre ; leur histoire est encore à faire ; les documents, enfouis dans les archives et les bibliothèques, attendent encore celui qui aura le temps et le courage de les déterrer pour les mettre au jour et nous révéler le secret de choses bien incompréhensibles encore, pour nous, dans cette période tragique de l’histoire. Nous ne pouvons donc formuler aucune appréciation sur leur programme.

Il faut arriver à Proudhon pour voir l’anarchie se poser en adversaire de l’autorité et du pouvoir et commencer à prendre corps. Mais ce n’est encore qu’une ennemie théorique ; en pratique, dans son organisation sociale, Proudhon laisse subsister, sous des noms différents, les rouages administratifs qui sont l’essence même du gouvernement. L’anarchie arrive jusqu’à la fin de l’empire sous la forme d’un vague mutuellisme qui vient sombrer, en France, aux premières années qui suivent la Commune, dans le mouvement dévoyé et dévoyeur des associations coopératives de production et de consommation.

Mais, bien avant d’aboutir à cette solution impuissante, un rameau s’était détaché de l’arbre naissant. L’Internationale avait donné naissance,