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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

il serait préférable, à leur avis, d’opérer petit à petit, par la persuasion, en cherchant à améliorer, graduellement, la société actuelle.

Tout, dans la nature, nous dit-on, se transforme par évolution, pourquoi, en sociologie, vouloir brusquer les choses et ne pas opérer de même ? En voulant transformer la Société de vive force, vous risquez de tout bouleverser sans rien produire de bon, vous risquez surtout de vous faire écraser, d’amener une réaction non moins violente qu’aura été l’attaque et de faire ainsi reculer le progrès de plusieurs siècles.

Ce raisonnement qui nous est tenu par des hommes de bonne foi, qui discutent avec le seul désir de s’éclairer, repose sur un semblant de vérité et mérite d’être étudié.


Certes, tout, dans la nature, se transforme par une évolution lente, par une suite ininterrompue de progrès, acquis peu à peu, imperceptibles si on les suit dans leur évolution, n’éclatant aux yeux que si on passe brusquement d’une période à une autre. C’est ainsi que la vie a progressé sur notre globe, c’est ainsi que l’homme est sorti de l’animalité, c’est ainsi que l’homme du dix-neuvième siècle ne ressemble plus à celui de l’âge de pierre.

Mais on n’oublie qu’une chose, c’est qu’il faut, pour que cette évolution se fasse sans secousse, qu’elle ne rencontre aucun obstacle sur sa route ;