Page:Grave - La Société mourante et l’anarchie.djvu/217

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
201
ET L’ANARCHIE

si l’impulsion acquise est plus forte que les obstacles, elle les brise, sinon elle avorte. Chaque fois qu’il y a choc entre une chose existante et un progrès, il y a révolution, que ce soit l’engloutissement d’un continent, ou la disparition d’une molécule dans l’organisme, — l’intensité de la chose n’y fait rien — il y a révolution.

Aussi, il est reconnu aujourd’hui que les grandes révolutions géologiques, loin d’avoir été provoquées par des convulsions effroyables et des changements brusques provenant de violentes poussées intérieures de notre globe, ne sont que le produit de causes lentes et de changements imperceptibles qui ont agi pendant des milliers de siècles. Ainsi, on sait que, de nos jours, ces mêmes causes, qui ont amené la terre au point où nous la voyons, continuent à agir et préparent une nouvelle transformation.

Partout les pluies érodent les montagnes, s’infiltrent et désagrègent les granits les plus durs. Rien ne décèle le lent travail de désagrégation qui s’accomplit, ne le trahit aux yeux du touriste. Des générations passent sans qu’aucune modification appréciable se soit fait sentir ; pourtant, un beau jour, la montagne s’écroule, entraînant forêts et villages, comblant le lit des rivières, déplaçant leur cours, semant la ruine et la désolation dans ce cataclysme. Mais, l’émotion une fois passée, la vie ne tarde pas à reprendre ses droits et à sourdre par