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ET L’ANARCHIE

se cachent pas la tête, sous l’aile, pour ne pas voir les faits, il est de toute évidence que la situation ne peut se prolonger bien longtemps. Le mécontentement est général ; c’est lui qui a donné tant de force au mouvement boulangiste qui n’a avorté que par la bêtise et la couardise de ceux qui étaient à sa tête. Mais ce que ceux-ci ont raté, d’autres peuvent le réussir.

S’il n’a plus l’acuité qu’il avait atteinte sous le mouvement boulangiste, le mécontentement n’en existe pas moins, aussi étendu, aussi profond. Loin de s’apaiser, la crise commerciale augmente, l’embauchage des travailleurs devient de plus en plus difficile, ceux qui chôment voient augmenter la durée de leurs repos forcés, l’armée des sans-travail devient de plus en plus nombreuse. L’hiver nous ramènera ces longues théories de mendiants grelottant sous les morsures du froid et de la faim, attendant, anxieusement, à la porte des casernes, des hôpitaux, des restaurants et de certains philanthropes, l’heure de la distribution d’une soupe ou d’un morceau de pain.

Et comme cette situation ne peut se prolonger, comme les individus finiront par se lasser de crever de faim, ils se révolteront.


Or, nous pensons que, dans cette révolution, l’action anarchiste sera d’autant plus forte, que nos idées se seront davantage propagées ; qu’elles au-