Page:Grave - La Société mourante et l’anarchie.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
ET L’ANARCHIE

réprimer finiraient, à la longue, par lui faire faire un travail tout aussi onéreux, et qu’il aurait mieux valu travailler côte à côte, en se prêtant une aide mutuelle. C’est ainsi que l’Autorité et la Propriété ont pu s’établir ; or, si nous voulons les renverser, ce n’est pas pour recommencer l’évolution passée.

Si on admettait cette théorie : que les mobiles de l’individu doivent être l’égoïsme pur et simple, l’adoration et la culture de son Moi, on arriverait à dire qu’il doit se lancer dans la mêlée, travailler à acquérir les moyens de se satisfaire, sans s’occuper s’il en froisse d’autres à côté. Affirmer cela, ce serait avouer que la révolution future devrait être faite par et pour les plus forts, que la société nouvelle doit être un conflit perpétuel entre les individus. S’il en était ainsi, nous n’aurions pas à nous réclamer d’une idée d’affranchissement général. Nous ne serions révoltés contre la société actuelle qu’à cause de ce que son organisation capitaliste ne nous permet pas de jouir aussi.

Il se peut que, parmi ceux qui se sont dits anarchistes, il y en ait eu qui aient envisagé la question à ce point de vue. Cela nous expliquerait ces défections et ces palinodies d’individus qui, après avoir été les plus ardents, ont déserté les idées pour se ranger parmi les défenseurs de la société actuelle, parce que celle-ci leur offrait des compensations.

Certainement nous la combattons, cette société, parce qu’elle ne nous donne pas la satisfaction de