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ET L’ANARCHIE

qui arriverait à absorber les autres. L’altruisme proprement dit ne pouvait donc arriver à s’implanter non plus.

Mais, si l’égoïsme et l’altruisme séparés, poussés chacun à l’extrême sont pernicieux pour l’individu et pour la société, associés ensemble, ils se résolvent en un troisième terme qui est la loi des sociétés de l’avenir. Cette loi, c’est la solidarité !

Nous nous unissons, à plusieurs, en vue d’obtenir la satisfaction d’une de nos aspirations. Cette association n’ayant rien de forcé, rien d’arbitraire, motivée seulement par un besoin de notre être, il est bien évident que nous apporterons, dans cette association, d’autant plus de force et d’activité que le besoin chez nous sera plus intense.

Ayant tous coopéré à la production, nous avons tous droit à la consommation, cela est évident, mais, comme on aura calculé la somme des besoins — en y faisant entrer ceux qui seront à prévoir — pour arriver à produire pour la satisfaction de tous, la solidarité n’aura pas de peine à s’établir pour que chacun ait sa part. Ne dit-on pas que le naturel de l’homme est d’avoir les yeux plus grands que la panse ? Or, plus intense sera chez lui le désir, plus forte sera la somme d’activité qu’il apportera à sa réalisation. Il arrivera ainsi à produire, non seulement pour satisfaire les coparticipants, mais encore ceux chez qui le désir ne s’éveillerait qu’au vu de la chose produite. Les besoins de l’homme étant