Page:Grave - La Société mourante et l’anarchie.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
LA SOCIÉTÉ MOURANTE

infinis, infinis seront ses modes d’activité, infinis ses moyens de se satisfaire, et c’est cette variété de besoins qui concourra à l’établissement de l’Harmonie générale.


Dans notre société où l’on est habitué à se reposer sur le travail d’autrui pour obtenir les choses nécessaires à l’existence, on n’a qu’un objectif : se procurer assez d’argent pour pouvoir acheter ce que bon vous semble ; or, comme le travail manuel n’arrive même pas à empêcher de crever de faim, celui qui n’a que cette ressource cherche à se procurer de l’argent par tous les moyens, sauf par le travail, en se faisant, soit fonctionnaire, soit journaliste, y compris le chantage ; celui qui a une avance fait du commerce et augmente ses bénéfices en volant ses contemporains, il agiote, il spécule ; ou fait travailler les autres. On fait toutes sortes de choses plus ou moins malpropres, sauf ce qui serait nécessaire pour que tous y trouvassent leur compte : de la production utile. De sorte que chacun tire à soi la couverture, sans s’occuper de ceux qu’il dépouille, de là cet égoïsme irraisonné qui semble être devenu le seul mobile des actions humaines.

Mais, en s’affinant, l’homme arrive aussi à ne pas vivre que pour lui-même et en lui-même ; le type du parfait égoïste humainement développé est d’arriver à souffrir de la souffrance de ceux qui l’entourent, d’avoir sa jouissance gâtée par la réflexion