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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

l’organisation sociale, s’il est assez bien doué pour en comprendre les vices, ses jouissances seront empoisonnées dans leur source. Cet homme souffrira de se dire que son luxe nécessite la misère d’une foule de travailleurs, que chacune de ses jouissances est achetée au prix des souffrances de ceux qui sont sacrifiés à les produire. Si la combativité est développée chez cet homme à l’égal de la sensitivité, cet homme fera un révolté de plus contre l’ordre social qui ne lui assure même pas la jouissance morale et intellectuelle.


Car, il ne faut pas l’oublier, la question sociale ne se borne pas à une simple question matérielle. Nous luttons certainement, et avant tout, pour que tous aient à manger à leur faim, mais là ne se bornent pas nos revendications ; nous luttons aussi pour que chacun puisse se développer selon ses facultés, et se procurer les satisfactions intellectuelles que lui créent les besoins de son cerveau.

Certainement, pour beaucoup d’anarchistes, la question s’arrête là, et c’est ce qui a amené ces diverses interprétations et discussions sur l’égoïsme, l’altruisme, etc. Rien de moins développé que la question du ventre, seulement ce serait un danger pour le succès même de la Révolution que de s’arrêter là, car alors on pourrait tout aussi bien accepter l’État socialiste qui doit, et pourrait assurer, à tous, la satisfaction de leurs besoins physiques.