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ET L’ANARCHIE

Si la prochaine révolution bornait ses desiderata à la seule question de la vie matérielle, elle risquerait fort de s’arrêter en route, de dégénérer en une vaste saoulerie qui ne tarderait pas à livrer, une fois l’orgie passée, les insurgés aux coups de la réaction bourgeoise. Heureusement que cette question primordiale aujourd’hui, nous le reconnaissons, pour le monde travailleur, que les chômages de plus en plus prolongés rendent incertain de l’avenir, n’est pas la seule qui sera résolue dans la révolution prochaine. Certainement, la première œuvre des anarchistes, pour faire réussir la révolution, sera de faire main basse sur la richesse sociale ; d’appeler les déshérités à s’emparer des magasins, de l’outillage, du sol ; de s’installer dans les locaux salubres en détruisant les trous où on les force à pourrir aujourd’hui ; les révoltés devront détruire les paperasses qui assurent le fonctionnement de la propriété : études d’huissiers, de notaires, cadastre, enregistrement, état-civil devront être visités et « nettoyés ». Mais, pour faire tout ce travail, il faut plus que des affamés, il faut des individus conscients de leur individualité, jaloux de tous leurs droits, voulant fermement les conquérir, et capables de les défendre une fois acquis ; c’est pourquoi une question de subsistance, seule, serait impuissante à opérer cette transformation.

C’est ce qui fait aussi, qu’à côté du droit à l’existence que réclament les anarchistes, se lèvent toutes

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