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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

Lorsqu’une question, si abstraite soit-elle, se présente aux investigations du propagandiste anarchiste, celui-ci ne peut pas ne pas faire qu’elle soit abstraite de par son essence même, et la passer sous silence sous prétexte que ceux auxquels il s’adresse n’en ont pas entendu parler ou ne sont pas aptes à le comprendre.

L’exposer dans un langage net, clair, précis et concis ; éviter les mots à mille pattes — selon l’expression d’un de nos camarades — c’est-à-dire les mots qui ne sont compris que des initiés, éviter d’enterrer sa pensée sous une phraséologie ronflante et redondante, de rechercher la phrase et l’effet, voilà tout ce que peuvent faire ceux qui ont à cœur de propager l’idée, de la faire comprendre et de la faire pénétrer dans la masse, mais nous ne pouvons pas la mutiler sous prétexte qu’elle n’est pas accessible à la masse.

S’il fallait éluder toutes les questions que la masse des lecteurs n’est pas apte à comprendre au premier énoncé, ce serait se condamner à revenir à la déclamation, à l’art d’enfiler les phrases au bout les unes des autres pour ne rien dire. Ce rôle est assez bien tenu par les rhéteurs bourgeois pour que nous ne cherchions pas à les en déposséder.

Si les travailleurs veulent s’émanciper, ils doivent comprendre que cette émancipation ne viendra pas toute seule, qu’il faut qu’ils l’acquièrent,