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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

tement compte que ceux qui ne subissent qu’en maîtrisant leurs colères le joug de l’autorité, soient impatients de le secouer, désireux d’entendre des paroles en conformité avec leur situation d’esprit, leur rappelant leurs haines, leurs désirs, leurs aspirations, leur soif de justice.

Mais, quelles que soient les impatiences, quelque légitimes que soient les revendications et le besoin de les réaliser, l’idée ne suit son chemin que peu à peu, ne pénètre dans les cerveaux et ne s’y loge que mûrie et élaborée.

Quand on pense que la bourgeoisie, que nous voulons renverser, a mis des siècles à se préparer avant de renverser la royauté, cela doit nous donner à réfléchir sur le travail d’élaboration que nous avons à faire.

Au quatorzième siècle, quand Étienne Marcel tenta de se saisir du pouvoir au profit de la bourgeoisie déjà organisée en corporations, elle se sentait déjà forte, la classe bourgeoise ; il y avait longtemps qu’elle aspirait à l’autorité, et qu’elle s’était organisée dans ce but, qu’elle s’était instruite, développée, qu’elle travaillait à son affranchissement en poursuivant contre la féodalité l’affranchissement des communes.

Ce ne fut pourtant que quatre siècles plus tard qu’elle réussit à atteindre le but si longuement convoité.

Certes nous espérons bien ne pas attendre si