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ET L’ANARCHIE

produire de bon. Il faut que les aspirations vers le beau et le bon soient bien vivaces dans la race humaine pour que ces aspirations n’aient pas été étouffées par l’égoïsme étroit, irraisonné et la rapacité que la société officielle lui inculque dès le berceau.

Cette société, nous l’avons vu dans le chapitre précédent, est basée sur l’antagonisme des intérêts et fait de chaque individu l’ennemi de son voisin. L’intérêt du vendeur est opposé à celui de l’acheteur ; l’éleveur et le cultivateur ne demandent qu’une « bonne épidémie et une bonne grêle » chez leurs voisins afin de renchérir leurs denrées ; quand ils n’ont pas recours à l’État qui les « protège » en frappant de droits élevés les produits de leurs concurrents ; le développement de l’outillage mécanique tend de plus en plus à diviser les travailleurs en les jetant sur le pavé et en les amenant à se disputer entre eux pour se supplanter dans les emplois dont le nombre devient de plus en plus inférieur aux demandes. Enfin tout, dans la société traditionnelle, tend à diviser les individus : à l’heure actuelle, pourquoi y a-t-il chômage et misère ? — parce que les magasins regorgent de produits. Comment se fait-il qu’il ne soit pas encore venu aux individus l’idée de les incendier ou de s’en emparer et de se procurer ainsi le travail qu’on leur refuse, en créant chez eux les débouchés que leurs exploiteurs vont chercher si loin ? — « C’est qu’on a peur