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ET L’ANARCHIE

portance, et les sociétés ainsi formées se survécurent et finirent par devenir permanentes.

Mais, d’un autre côté, cette existence de luttes continuelles ne pouvait que développer, chez les individus, l’instinct sanguinaire et despotique ; les plus faibles durent subir la domination des plus forts, quand ils ne leur servirent pas de nourriture. Ce ne dut être que bien plus tard que la ruse s’imposa à l’égal de la force.

Quand on étudie l’homme à ses débuts, on doit convenir qu’il était alors un assez méchant animal ; mais puisqu’il est arrivé au développement de l’heure présente et qu’il a pu acquérir des notions d’idées qui lui manquaient jadis, quelle raison y a-t-il pour qu’il s’arrête et n’aille pas plus loin ? Vouloir nier que l’homme puisse progresser encore est aussi faux que si on avait affirmé, alors qu’il habitait les cavernes et n’avait qu’un bâton ou une arme de pierre pour tout moyen de défense, qu’il ne deviendrait pas un jour capable de construire les cités opulentes d’aujourd’hui, d’utiliser l’électricité et la vapeur. Pourquoi, l’homme qui est arrivé à diriger dans le sens de ses besoins la sélection des animaux domestiques, n’arriverait-il pas à diriger la sienne dans le sens du Beau et du Bien, dont il commence à avoir des notions ?

Peu à peu, l’homme a évolué, et il évolue tous les jours. Ses idées se modifient sans cesse. La force physique, si elle en impose parfois, n’est plus

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