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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

il devient évident pour tous que, lorsque les premiers êtres pensants parurent sur la terre, il n’y eut pas, davantage, besoin de providence tutélaire pour faciliter son éclosion et, par conséquent, personne pour assigner aux uns un pouvoir directeur sur leurs semblables, à d’autres la propriété du sol, à la grande masse la misère et les privations, le respect de leurs maîtres, avec la seule fonction de produire pour eux.

Seulement, la « lutte pour l’existence » ayant commencé par être la seule loi vitale pour les individus, manger pour ne pas être mangés fut leur seule préoccupation ; mais lorsqu’ils commencèrent à pratiquer inconsciemment cette autre loi vitale, plus élevée, l’assistance pour la lutte, l’hérédité ayant développé, chez eux, les instincts de combativité, d’oppression sur la proie et tout, pour l’homme étant une proie — jusqu’à l’homme lui-même, — il ressort de toute évidence que cet esprit de lutte et de domination emmagasiné dans le cerveau par les générations passées, chercha à s’imposer dans la collectivité formée. Les individus qui l’avaient au plus haut degré s’imposèrent à ceux qui l’avaient à un degré moindre. Cette autorité établie suivit les fluctuations de l’intelligence humaine et les transformations de l’organisation sociale s’opérèrent selon que ce fut la force, l’esprit religieux ou le mercantilisme qui triomphèrent. L’autorité, sous ces divers modes d’in-