Page:Grave - La Société mourante et l’anarchie.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
62
LA SOCIÉTÉ MOURANTE

par conséquent, si elles sont des lois, elles sont loin d’être naturelles.


D’autre part, il est une chose certaine, c’est que les capitalistes, avec tous leurs capitaux, tout leur outillage mécanique, ne pourraient absolument rien produire s’ils n’avaient le concours des travailleurs — tandis que ces derniers, en s’entendant entre eux et en solidarisant leurs forces, pourraient fort bien produire sans le concours des capitaux. Mais passons, la conclusion que nous voulons en tirer est celle-ci : du moment que les capitalistes ne peuvent mettre leurs capitaux en œuvre sans le concours du travailleur, c’est que ce dernier est le facteur le plus important dans la production, et que, en toute logique, c’est à lui que devrait revenir la meilleure part du produit. Or, comment se fait-il que, au contraire, ce soient les capitalistes qui absorbent la meilleure part du produit ; moins ils produisent, plus ils jouissent ? Que plus les travailleurs produisent, plus ils accumulent les chances de chômage et ont alors moins de chances de consommer ? Comment se fait-il que plus les magasins regorgent de produits, plus les producteurs crèvent de faim, et que ce qui devrait être une source de richesse et de jouissance générales, devient une source de misère pour ceux qui ont produit ?