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ET L’ANARCHIE

De tout ceci, il ressort clairement que la propriété individuelle n’est accessible qu’à ceux qui exploitent leurs semblables. L’histoire de l’Humanité nous démontre que cette forme de la propriété n’a pas été celle des premières associations humaines, que ce n’est que très tard dans leur évolution, quand la famille a commencé à se dégager de la promiscuité, que la propriété individuelle a commencé à se montrer, dans la propriété commune au clan, à la tribu.

Ceci ne prouverait rien contre sa légitimité, si cette appropriation avait pu s’opérer d’une façon autre qu’arbitrairement ; c’est seulement pour démontrer aux bourgeois qui ont voulu faire un argument en sa faveur en prétendant que la propriété a toujours été ce qu’elle est aujourd’hui, que cet argument n’a pas davantage de valeur à nos yeux.


Du reste, eux qui déclament tant contre les anarchistes qui se réclament de la force pour les déposséder, est-ce qu’ils y mirent tant de formes pour déposséder la noblesse en 89 et frustrer les paysans qui s’étaient mis à l’œuvre en pendant les hobereaux, détruisant les chartriers, s’emparant des biens seigneuriaux ?

Est-ce que les confiscations et les ventes, fictives ou à prix dérisoires, qu’ils en firent, n’eurent pas pour but de dépouiller les possesseurs d’alors et les paysans qui en espéraient leur part pour les acca-