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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

autorité, expulsait de la horde les jeunes mâles devenus en âge de lui porter ombrage.

Mais, cette autorité du mâle fut-elle complète et s’imposa-t-elle dans tous les groupements dès leurs débuts, voilà ce qu’il serait téméraire de préjuger, car, si nous trouvons chez les sauvages des exemples où l’association, étant devenue plus nombreuse, s’étant formée du groupement de plusieurs noyaux familiaux, l’autorité du mâle s’est imposée ; par nombre d’autres exemples très probants, par nombre de coutumes, telles que la « couvade »[1], il semble résulter que l’autorité de la mère sur la progéniture fut la première reconnue.

Il existe des peuplades où les enfants font partie de la tribu de la mère ; d’autres où l’autorité du mâle est déjà reconnue, mais où ce sont les enfants de sa sœur qui héritent de ses biens, à l’exclusion de ses enfants propres ; ce qui établirait une transition entre l’autorité maternelle et l’autorité paternelle. Autre caractère transitoire, cette habitude de la couvade où lorsque la femme accouche, c’est l’homme qui se met au là, avale des drogues et reçoit des congratulations sur sa délivrance. Ici, on

  1. Nous ne citerons pas ici tous les faits en question, n’ayant que l’intention d’en faire un résumé, et voulant plus particulièrement expliquer comment nous entendons la famille de l’avenir. Que les lecteurs qui voudraient étudier la question plus à fond, se reportent aux ouvrages de Letourneau : Sociologie, Évolution de la famille, et celui de Élie Reclus : Les Primitifs, où ils trouveront aussi l’indication des sources où ces auteurs ont puisé.