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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

aptes, les mieux doués qui auront chance de survivre et de se reproduire.

La tendance humaine, au contraire, est-elle, comme nous le pensons, portée vers la monogamie, vers l’union durable de deux êtres qui, s’étant rencontrés, ayant appris à se connaître et s’estimer, finissent par ne plus faire qu’un, tellement leur union devient intime et complète, tellement leurs volontés, leurs désirs, leurs pensées deviennent identiques, ceux-là auront encore bien moins besoin de lois pour les contraindre à vivre ensemble ; est-ce que leur propre volonté ne sera pas le plus sûr garant de l’indissolubilité de leur union ?

Quand l’homme et la femme ne se sentiront plus rivés l’un à l’autre, s’ils s’aiment vraiment, cet amour aura pour résultat de les amener, réciproquement, à chercher de mériter l’amour de l’être qu’ils auront choisi. Sentant que le compagnon ou la compagne que l’on aime peut s’envoler du nid du jour où il n’y trouverait plus la satisfaction qu’il avait rêvée, chaque individu mettra tout en œuvre pour se l’attacher complètement. Comme dans ces espèces d’oiseaux où, à la saison des amours, le mâle revêt un plumage nouveau et éclatant pour séduire la femelle dont il veut s’attirer les faveurs, les humains cultiveront les qualités morales qui doivent les faire aimer et rendre leur société agréable. Basées sur ces sentiments, les unions seront rendues indissolubles plus que ne