Page:Grenet, Mémoire sur les moyens de conserver la pomme-de-terre sous la forme de riz ou vermicel, 1794.djvu/5

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de mon procédé, car l'abondance n'exclud pas la prévoyance; je m'empresse donc à le donner.


De la pomme-de-terre en général.


Depuis que l'on a acclimaté en Europe, et sur-tout en France, la pomme-de-terre, originaire du nouveu-monde, sa culture a été progressivement multipliée. La salubrité de cet aliment et les avantages infinis qu'il nous procure pour nous substanter, n'avoient encore détruit que foiblement la présomption de croire qu'il n'étoit propre que pour la nourriture des bestiaux : il a fallu bien du tems pour déraciner ce préjugé, qui commence enfin à ne plus dominer : le régime de la raison où nous sommes, ne peut plus en souffrir aucun.

La pomme-de-terre, après le blé, doit être considérée comme une production de première nécessité. Quand la récolte des grains manque, elle y supplée; elle est même ces années-là, au rapport de Dransy, plus abondante (2). C'est à cette précieuse racine que nous avons recours dans un tems de disette, de famine. Il y a quelques années que ce fléau terrible s'étoit manifesté partiellement dans plusieurs endroits de la France, et elle les a sauvés. Oh ! combien, dans ces années désastreuses, de familles indigentes auroient manqué de nourriture, sans la ressource (3) des pommes-de-terre ?

Mais, ainsi que les autres légumes qui ne sont pas du genre des graminées, la pomme-de-terre n'a qu'un tems limité pour sa consommation en verd, qui est depuis octobre jusqu'en avril (vieux stile), que la ger-