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146 PETITS POÈMES

Là, sous ces mêmes pins, moins hauts et moins épais.

Assis sur l’herbe verte ou la mousse fleurie,

Le sublime vieillard venait chercher la paix.


Car au fond des grands bois notre âme endolorie.

En voyant la nature et sa sérénité,

Sent foudre ses chagrins en douce rêverie ;


L’esprit, plus près de Dieu, respire la beauté

Et, loin des passions et des œuvres serviles,

Trouve enfin au désert l’austère liberté.


Oui, c’est là que, fuyant le tumulte des villes

Et des opinions le flot trouble et mouvant,

Naufragé sans retour des tempêtes civiles,


Le sombre et fier proscrit s’asseyait en rêvant

Et, comme un vague écho des rumeurs populaires.

Écoutait le bruit sourd des rameaux et du vent.


O vous qui l’avez vu, pins aux troncs séculaires,

Vieux sentier qui s’efface et se perd dans les bois,

Sol creusé lentement par des pas solitaires,


Vous tous, témoins vieillis des choses d’autrefois,

Vous avez dû garder cette auguste mémoire,

Quand à ses derniers jours ce grand homme aux abois,