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L’Espérance, la Foi, la Résignation
Reconnurent pour sœur mon expiation.
Le mépris désormais fut pour moi sans blessures,
Et chaque jour m’apprit le pardon des injures.
Je n’erre plus tout seul comme un déshérité ;
Je vis, je souffre, j’aime avec l’humanité ;
Et je comprends enfin l’énormité du crime
Que Dieu poursuit en moi d’un courroux légitime.
Ce n’est pas une insulte à la Divinité,
Il venge mon forfait de lèse-humanité.
Aussi, qu’ils me soient bons, indifférents, sévères,
Les hommes, maintenant, seront toujours mes frères.
Mon cœur, que tant de haine avait pétrifié,
S’est pris pour tous leurs maux d’une tendre pitié.
J’ai pour eux un amour triste et presque céleste.
Ils n’ont qu’un jour à vivre ; ils passent et je reste.