Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/27

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— Mais quel que soit ton nom et ton sort, m’écriai-je,
Encor faut-il qu’un toit cette nuit te protège !
Regarde autour de nous ! » En effet, des éclairs
Muets et convulsifs tressaillaient dans les airs.
Les nuages vainqueurs dans la sombre étendue
Descendaient menaçants sur la terre éperdue ;
Et déjà sur les bords de l’horizon lointain
La pluie avait jeté comme un voile incertain.

Alors prenant en main son bâton, sa besace,
À mon foyer désert je lui fis prendre place.
Je réveillai le feu dans la cendre engourdi ;
Et quand le clair sapin dans l’aire eût resplendi,
Voyant ses pieds tout blancs de poussière : « Sans doute
Tes membres sont lassés par une longue route,
Lui dis-je ; aux premiers jours de notre humanité,