Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/26

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Lui dis-je, entre avec moi dans mon humble ermitage.
Tu ne peux pas aller plus loin ; car le sentier
Avant une heure au moins n’atteint pas le glacier ;
Et sur l’autre versant tu marcherais encore
Sans trouver les premiers chalets jusqu’à l’aurore. »

L’étranger s’arrêta comme indécis. Ses yeux
Jetèrent un regard rapide sur les cieux,
Puis sur moi. Je sentis que son œil plein de flamme
Voulait interroger jusqu’au fond de mon âme.
Il secoua la tête et dit : « Tu ne sais pas
Quel est ce voyageur dont tu retiens les pas.
À quoi bon, arrêté par ta douce prière,
Franchirais-je avec toi ta porte hospitalière,
Si mon nom prononcé doit glacer cet accueil
Et me forcer bientôt à repasser ton seuil ?