Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/29

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Je servis mon souper de jeune anachorète :
Du pain bis, du chamois, des fraises, et du miel
Gardant le goût des fleurs qui sont plus près du ciel.
J’ajoutai, pour fêter mon hôte, honneur si rare !
Un flacon de vieux vin dont la chaleur répare.
Voilà tout le repas, tout ce que le matin
Un pâtre m’apportait du village lointain.

Quand l’hôte revenant du bain sous la verdure
Fit mieux voir en rentrant sa taille et sa figure,
La lampe qui tombait sur ses traits amaigris
Le montra tout entier à mes regards surpris.
Je fus frappé d’abord de respect et de crainte,
En voyant la douleur sur tout son être empreinte.
Tout la disait : son front, son regard et sa voix.