Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/30

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Je crus le voir alors pour la première fois.
Ses lèvres et son nez d’une forme aquiline
D’un fils de la Judée annonçaient l’origine ;
Son front pâle était droit ; de longs et noirs cheveux,
Mêlés de fils d’argent, couvraient, son cou nerveux ;
Une barbe légère, à moitié blanche et rousse,
Estompait son menton d’une ombre fine et douce ;
Et l’ardente pensée en sillons verticaux
Avait entre les yeux creusé deux plis égaux.
Une majestueuse et sereine tristesse
Ennoblissait encor ses traits pleins de noblesse.
Mais ce qui rayonnait et doublait sa beauté,
C’était cet œil de feu, profond et velouté
Dont la nature dote en mère partiale
Les aînés du soleil, la race orientale.