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Laisse couler tes pleurs et déborder ton âme !
Sans honte et sans orgueil sois poète ! Il n’est pas
De sort plus glorieux ni plus grand ici-bas !

Hélas ! lui répondis-je en secouant la tête,
Je n’ai pas cet orgueil de me croire poëte.
Le monde a dévoré ma jeunesse ; et puis Dieu
Ne m’avait pas au front marqué d’un doigt de feu.
De la gloire en naissant il m’a donné la fièvre.
Mais le charbon divin n’a pas touché ma lèvre.
Comme un aiglon blessé que tente l’infini
J’ouvre en vain l’aile au vent, je mourrai près du nid. »

Alors d’un geste ami je lui fis prendre place