Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/31

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Pendant que j’admirais l’étranger, son regard
Sur mon humble réduit se portait au hasard :
« J’aperçois, me dit-il avec un doux sourire,
Des livres, des feuillets disposés pour écrire.
Jeune et seul, loin du monde et perdu dans les bois,
N’es-tu pas un poète, un de ces porte-voix
Par où l’esprit de Dieu s’épanche sur le monde,
Un de ces cœurs ouverts comme une urne profonde
Qui recueillent les pleurs de ce globe mortel
Et portent nos soupirs au pied de l’Éternel ?
Ne rougis pas, la muse est sœur de la prière.
Toutes deux en pleurant montent vers la lumière
Et rapportent d’en haut aux cœurs simples et bons
Un céleste trésor de consolations.
Chante ! laisse ton cœur rayonner, s’il s’enflamme !