Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/47

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D’une tendre pitié mon cœur se remuait.
Mais devant la grandeur de sa faute fatale,
Je n’osais tenter l’œuvre inutile et banale
Qui porte un nom sacré : la consolation.
Pour nous bercer d’espoir, de résignation,
Pour toucher une plaie encore mal fermée,
Il faut la main d’un ange ou d’une femme aimée.

« N’est-ce pas, me disais-je, un rêve de mes sens
Que tout ce que je vois, j’écoute et je ressens ?
Cet homme dont la vie a traversé les âges,
Contemporain du Christ qu’il abreuva d’outrages,
Dont la sombre légende autrefois m’a bercé,
Est-ce lui que je vois muet, triste, oppressé,
Mouillant de pleurs amers ma table hospitalière ?
Est-ce bien mon foyer ? Est-ce bien la lumière