Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/50

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N’ont plus leur amertume, et leur source est meilleure.
De mon cœur désormais ils coulent doucement.
Car ce n’est plus l’horreur de mon long châtiment
Qui fait ainsi parfois déborder ma paupière.
Non, c’est le souvenir de ma faute première ;
C’est le regard brûlant du céleste martyr,
Dont j’insultai la mort ; c’est le saint repentir.
En songeant que de Dieu j’aggravai le supplice,
Je trouve à ma douleur presqu’un amer délice.
Mais avant de comprendre et d’en arriver là,
Avant qu’à mes regards le Dieu se révélât,
Pour vaincre mon orgueil et dompter ma nature,
Il m’a fallu subir des siècles de torture ;
Et si je t’en faisais le fidèle récit,
Ton front en m’écoutant deviendrait pâle aussi.