Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
▬ 51 ▬

Cependant, par instants, dans ma sécurité,
Un doute affreux perçait mon esprit agité ;
Une vague terreur épouvantait mon âme :
Si Dieu s’était caché sous cette croix infâme ?
Me disais-je ; et la nuit j’entendais une voix
Terrible : « Marche ! marche ! et porte aussi ta croix ! »
Mais le jour radieux, dissipant les ténèbres,
Chassait avec la nuit ces visions funèbres ;
Et libre désormais, honteux et triomphant,
Je riais de moi-même et me traitais d’enfant.
Alors pour m’étourdir je m’agitais sans trêve ;
La vie en tourbillon m’emportait comme un rêve.
Ce n’était que des jeux, des danses, des festins,
Qu’éclairaient jusqu’au jour des flambeaux clandestins ;
Ou, soudain me plongeant dans d’austères pratiques,
De la maison de Dieu j’assiégeais les portiques.