Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/66

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Quand jusqu’au dernier jour du monde je vivrais,
Me dis-je, où serait donc ce malheur si terrible ?
Est-ce bien là l’objet de ma frayeur risible ?
Qu’ai-je à perdre ? La mort. Si c’est un châtiment,
Acceptons-le sans crainte et portons-le gaiement.
Si Dieu veut m’oublier pour toujours sur la terre,
C’est le sort que j’aurais demandé sans mystère.
Vivre éternellement, comme Dieu dans le ciel,
N’est-ce pas le désir, le vœu de tout mortel ?
Être maître du temps, c’est l’être aussi du monde.
Je jouirai de tout dans une paix profonde.
J’aurai la gloire, l’or, l’empire, et je verrai
Tous les peuples fléchir sous mon sceptre adoré.
Qui sait même ?… Il se peut que je sois le Messie !
C’est dans ces jours, suivant l’antique prophétie,
Qu’il doit inaugurer son empire éclatant.