Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/68

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Ma femme vieillissait ; soucieux et chagrins,
Mes enfants avaient l’air de mes contemporains.
Le temps pesait sur tous. Pour moi, son vol rapide
M’effleurait sans laisser à ma joue une ride,
Comme il fit pour ces dieux et ces jeunes héros
Que la Grèce autrefois tailla dans le Paros,
Dont l’œil contemple encor l’éternelle jeunesse.
Oublié par la mort, même par la vieillesse,
J’étais tel que je fus, tel que je suis encor,
Et tel que je serai jusqu’au jour où la mort,
Brisant aux pieds de Dieu cette terre mortelle,
Me jettera vivant à ses pieds avec elle !
Mon rêve devenait une réalité.
J’allais donc vivre encor toute une éternité !
Cette idée exaltait et dilatait mon âme ;
Elle m’enveloppait d’une atmosphère en flamme