Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/70

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Et la main dans la main, sans trouble, sans secousse,
Ils glissent à la mort par une pente douce.
Mais, ô cruel supplice ! ô spectacle d’horreur !
Sentir ce qu’on aimait se faner sur son cœur !
Voir au contact impur des rapides années
Ses charmes se flétrir, ses lèvres profanées !
Au lieu de ces beautés qu’on adorait avant,
Ne tenir dans ses bras qu’un cadavre vivant,
Et jeune, dans son cœur sentir la même flamme !
C’est mourir dans autrui par les sens et par l’âme.
Cette atroce douleur brisa mon corps de fer.
Si tu n’as pas aimé, va, tu n’as pas souffert !

« Mais Dieu, dont seulement commençait la justice,
Allait me retourner sur un autre supplice.