Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/72

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« Las de voir s’émousser le fer et le poison,
Ces fils dénaturés quittèrent la maison.
Soit honte, soit terreur que le remords suggère,
Ils allèrent mourir sur la terre étrangère.
Un seul ne quitta pas le foyer paternel.
C’était le dernier-né, le doux Emmanuel,
Fruit pâle et délicat d’une branche flétrie,
Né le jour où le Christ donna pour nous sa vie.
Il était aussi beau que son ange gardien ;
Son âme ouverte au ciel ne voyait que le bien.
De ses frères jamais il ne comprit le crime :
Dieu l’avait animé d’un souffle trop sublime.
Comme un glaive à l’étroit son âme usait son corps ;
Son ardente pensée en brisait les ressorts.
Je l’aimais d’un amour immense et solitaire ;