Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/93

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Mais mon cœur, comme un vase entr’ouvert par le bout,
En laissait fuir l’extase et gardait le dégoût.
En vain à ces plaisirs je demandais l’ivresse ;
Je n’avais plus la seule excuse, la jeunesse.
On ne repasse point par le même chemin.
Ce n’était plus le jour ; j’étais au lendemain.
Je savais. Vainement, dans l’ardeur de la fièvre,
Je voyais la beauté se suspendre à ma lèvre ;
Je savais que ces traits adorés et charmants
Ne seraient bientôt plus que d’affreux ossements ;
Que ces yeux pleins de feu, que ces lèvres de rose
S’allaient clore dans l’ombre où tout se décompose,
Qu’un ver impur aurait leurs baisers le dernier.
Horreur ! Pour moi-l’amour ne fut plus qu’un charnier.
Je frémis. J’éloignai de mes lèvres avides
Ce calice hideux de voluptés fétides,